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YVES CHEVRIER a dirigé pendant de nombreuses années le « Centre Chine» de l’EHESS, où il est Directeur d’études émérite et membre du Centre de Recherches Sociologiques et Politiques Raymond Aron (CESPRA). Outre ses séminaires à l’EHESS, il a enseigné à l’INALCO, à l’IEP de Paris ainsi qu’à l’université de Genève. Ses travaux de recherche portent sur l’histoire du politique et l’histoire intellectuelle de la Chine contemporaine. On lui doit de nombreux articles publiés dans les revues spécialisées, ainsi que divers ouvrages destinés à un public plus large, notamment une brève biographie de Mao Zedong et un « Que Sais-je? » sur la « Chine moderne». RÉSUMÉ : Loin des récits convenus et des simplismes, voici une généalogie du pouvoir chinois qui plonge dans l’histoire politique du xxe siècle. Point de « céleste empire » ou tradition ancestrale sous la plume d’Yves Chevrier, mais l’analyse patiente et pointue d’une succession de transformations politiques qui modèlent le présent, de l’échec de la transition démocratique à la restauration de l’État sous la férule du Parti. Ce livre essentiel, constitué de deux tomes (le 2e est à paraître début 2023) et résultat d’années de recherches, offre enfin aux lecteurs français les moyens de comprendre pourquoi l’entrée de la Chine dans la globalisation ne la voue pas à la démocratisation, pas plus qu’à perdre ses spécificités. Le premier volume de cet ouvrage traite de la période allant de la fin du xixe siècle à la mort celle de Mao (1976). Il montre que l’échec de la transition démocratique en Chine ne date pas d’aujourd’hui. Il y a un siècle, quand se forme le Parti communiste (1921), deux ans après le Guomindang de Sun Yat-sen, la Chine des « Seigneurs de la guerre » se trouve dans la situation de la Libye actuelle. Cette tragédie n’est pas le fait des impérialistes, entrés par effraction au xixe siècle. Elle est l’effet d’une démocratisation manquée; une démocratie non pas « inachevée », selon la formule de Pierre Rosanvallon, mais désinstitutionnalisée. Pour Yves Chevrier, cette forme politique n’en est pas exclue par la tradition chinoise : elle se ferme elle-même.