Les podcasts d'Ombres Blanches

CLOÉ KORMAN est née en 1983 à Paris. Son premier roman, Les Hommes-couleurs (Seuil, 2010), a été récompensé par le prix du Livre Inter et le prix Valery-Larbaud. En 2013, elle a publié, toujours au Seuil, Les Saisons de Louveplaine, puis Midi en 2018, et Tu ressembles à une juive en 2020. RÉSUMÉ : Entre 1942 et 1944, des milliers d’enfants juifs, rendus orphelins par la déportation de leurs parents, ont été séquestrés par le gouvernement de Vichy. Maintenus dans un sort indécis, leurs noms transmis aux préfectures, ils étaient à la merci des prochaines rafles. Parmi eux, un groupe de petites filles. Mireille, Jacqueline, Henriette, Andrée, Jeanne et Rose sont menées de camps d’internement en foyers d’accueil, de Beaune-la-Rolande à Paris. Cloé Korman cherche à savoir qui étaient ces enfants, ces trois cousines de son père qu’elle aurait dû connaître si elles n’avaient été assassinées, et leurs amies. C’est le récit des traces concrètes de Vichy dans la France d’aujourd’hui. Mais aussi celui du génie de l’enfance, du tremblement des possibles. Des formes de la révolte. EXTRAIT : « […] Je tenais à raconter le crime tel qu’il s’est déroulé sur le sol français, dans la réalité des institutions françaises – où il s’est mis en place dans une horreur beaucoup plus sourde. Les mécanismes d’une violence extrême sur des enfants, et la tolérance des témoins, m’ont déjà intéressée dans Midi. Les enfants sont sans défense et il suffit d’une certaine concertation des silences pour les faire disparaître. Au-delà du cas des enfants, si on regarde ce qu’a été la Shoah enFrance, elle consiste d’abord en actes d’enlèvement de personnes à leur quotidien, sans aucune raison, par coups de filet très vastes ou plus isolés. J’ai beaucoup pensé aux enlèvements dans certaines dictatures, notamment sud-américaines, qui ont d’ailleurs accueilli nombre d’anciens dignitaires nazis après la guerre. Je m’intéresse à compléter la représentation qu’on a de la Shoah. Si on ne regarde pas ce qu’elle a été en France, on entre dans le piège qu’elle tend à nos imaginaires : les exécutions massives se sont produites ailleurs, terriblement loin des regards, à des milliers de kilomètres des lieux de vie des victimes. Mais le crime a commencé en France. Alors, dans quels lieux exactement? Selon quel mode opératoire? J’essaye de raconter cela. […] »